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» Ils se nourrissent de tous les animaux et de tous les végétaux qu’ils peuvent se procurer ; mais la portion des subsistances qu’ils tirent du règne animal est beaucoup plus considérable que celle qu’ils tirent du règne végétal. La mer, qui leur fournit des poissons, des moules, des coquillages plus petits, et des quadrupèdes marins, est leur plus grande ressource. Ils ont surtout des harengs et des sardines, deux espèces de brêmes et de la petite morue : ils mangent les harengs et les sardines, quand ces poissons sont frais ; ils en font de plus une provision de réserve, et, après les avoir séchés et fumés, ils les enferment dans des nattes qui forment des balles de trois ou quatre pieds en carré. Les harengs leur donnent une quantité considérable d’œufs ou de laite, qu’ils préparent d’une manière curieuse : ils saupoudrent de cette laite et de ces œufs de petites branches de pin du Canada, et une longue herbe marine, que les rochers submergés produisent en abondance. Cette espèce de kaviar (si je puis me servir de ce terme) se garde dans des paniers ou des sacs de natte, et ils s’en nourrissent au besoin, après l’avoir plongé dans l’eau. On peut le regarder comme leur pain d’hiver, et son goût n’est point désagréable. Ils mangent d’ailleurs les œufs et la laite de quelques autres poissons, qui doivent être fort gros, si j’en juge par la dimension des grains ; mais ce kaviar a quelque chose de rance à l’odorat et au goût ; il paraît que c’est la seule nourriture qu’ils préparent