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tues, et elles se conduisaient avec la plus grande honnêteté ; elles ne s’écartèrent jamais de la pudeur et de la modestie convenables à leur sexe ; ces qualités sont d’autant plus dignes d’éloges, que les hommes ne semblent pas susceptibles de honte. Il est impossible toutefois qu’une seule visite de quelques heures (car la première ne doit pas être comptée) ait pu nous procurer des renseignemens bien exacts sur leur manière de vivre et leurs occupations habituelles : il y a lieu de croire que la bourgade entière suspendit à notre arrivée la plupart de ses travaux, et que notre présence changea la manière d’être de ces Indiens dans l’intérieur de leurs maisons, à leurs heures de loisir. Les visites multipliées qu’un si grand nombre d’entre eux nous firent aux vaisseaux nous procurèrent un moyen peut-être plus sûr de nous former une idée de leur caractère, et même, à quelques égards, de l’emploi de leur temps. Il paraît qu’ils en passent une grande partie dans leurs pirogues, du moins durant l’été ; car nous observâmes que non-seulement ils y mangent et ils y couchent, mais qu’ils s’y dépouillent de leurs habits, et qu’ils s’y vautrent au soleil, ainsi que nous les avions vus se vautrer nus au milieu de leurs bourgades. Leurs grandes pirogues sont assez spacieuses pour cela, parfaitement sèches ; et lorsqu’ils s’y font un abri avec des peaux, et qu’il ne pleut pas, ils y sont beaucoup mieux que dans leurs maisons.