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ment de leur caractère sur ce point ; ils paraissent avoir de la docilité, de la politesse naturelle, de la bonté. Quoique d’un tempérament flegmatique, les injures les mettent en fureur, et, comme la plupart des gens emportés, ils oublient aussi promptement le mal qu’on leur a fait. Je ne me suis jamais aperçu que ces accès de colère portassent sur d’autres que sur les parties intéressées. Quand ils avaient des querelles entre eux ou avec quelques-uns d’entre nous, les spectateurs qui ne se mêlaient point de la dispute conservaient autant d’indifférence que s’ils n’avaient pas su de quoi il s’agissait. Si l’un d’eux poussait des cris de rage ou de gronderie, ce que j’ai vu souvent sans pouvoir découvrir la cause ni l’objet de son déplaisir, aucun de ses compatriotes ne faisait attention à lui. Ils ne laissent échapper dans ces occasions aucun signe de frayeur ; mais ils paraissent déterminés à punir l’insulte, quoi qu’il puisse en arriver. Lors même que la querelle nous regardait, notre supériorité ne leur inspirait point du tout de crainte, et ils montraient contre nous la même ardeur de vengeance que contre leurs compatriotes.

» Leurs autres passions, et en particulier la curiosité, semblent engourdies à bien des égards ; car peu d’entre eux témoignèrent le désir de voir et d’examiner des choses qu’ils ne connaissaient en aucune manière, et qui auraient excité leur surprise et leur étonnement, s’ils avaient ressenti l’envie de s’instruire : ils ne