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l’un des sauvages qui n’avait point de masque mit sa tête dans un chaudron d’étain que nous venions de lui donner. J’ignore si la religion entre pour quelque chose dans cette mascarade extravagante, s’ils l’emploient dans leurs fêtes, ou pour intimider les ennemis par leur aspect effrayant lorsqu’ils marchent au combat, ou enfin si c’est un moyen d’attirer les animaux quand ils vont à la chasse ; mais on peut conclure que, si des voyageurs, dans un siècle ignorant et crédule, ou l’on supposait l’existence d’une foule de choses surnaturelles ou merveilleuses, avaient rencontré un certain nombre d’Indiens ainsi équipés, et s’ils ne les avaient pas examinés avec attention, ils n’auraient pas manqué de croire, et, dans leurs relations, ils n’auraient pas omis d’essayer de faire croire aux autres qu’il existait une race d’êtres tenant de la nature de la bête et de celle de l’homme ; ils se seraient trompés d’autant plus aisément, qu’outre des têtes d’animaux sur des épaules d’hommes, ils auraient vu les corps entiers de ces espèces de monstres couverts de peaux de quadrupèdes[1].

» Le seul habit spécialement destiné à la guerre que nous ayons remarqué parmi les naturels de Noutka est un manteau de cuir double et très-épais, qui nous parut être une peau d’élan ou de buffle tannée. Ils l’attachent

  1. La réflexion du capitaine Cook offre une excellente apologie aux admirateurs d’Hérodote en particulier, sur ses contes merveilleux de cette espèce. (Note de l’Éditeur.)