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des moustaches à la lèvre supérieure, lesquelles descendaient obliquement vers la mâchoire

    ples de l’Amérique qui, dit-on, manquent de barbe, tandis qu’ils ont une quantité considérable de cheveux. L’ingénieux auteur des Recherches philosophiques sur les Américains, le docteur Robertson, dans son Histoire d’Amérique, et en général les écrivains dont l’autorité est la plus imposante, donnent ce fait pour incontestable. Puisque le capitaine Cook le contredit, du moins en ce qui a rapport au peuple d’Amérique avec lequel il a eu des entrevues à Noutka, n’est-il pas juste d’engager les auteurs dont je viens de parler à examiner de nouveau la question ? On peut d’ailleurs citer d’autres témoins que le capitaine Cook. Le capitaine Carrer a trouvé aussi de la barbe aux sauvages établis dans l’intérieur du continent de l’Amérique. « D’après des recherches très-multipliées et un examen bien attentif, dit-il, je puis, malgré le respect que j’ai pour l’autorité de M. Paw et de M. Robertson sur d’autres point, déclarer que leurs assertions sont erronées, et qu’ils connaissent d’une manière imparfaite les usages des Indiens. Lorsque ces peuples ont passé l’âge de la puberté, leurs corps, dans leur état naturel, est couvert de poils, ainsi que celui des Européens. Les hommes, il est vrai, jugeant la barbe très-incommode, se donnent beaucoup de peine pour s’en débarrasser, et on ne leur en voit jamais lorsqu’ils deviennent vieux et qu’ils négligent leur figure. — Les Naudoouessis et les tribus éloignées l’arrachent avec des morceaux d’un bois dur, qui forment des pincettes ; ceux qui communiquent avec les Européens se procurent du fil d’archal, dont ils font une vis ou un tire-bourre ; ils appliquent cette vis sur leur barbe, et, pressant les anneaux, et en donnant une secousse brusque, ils arrachent les poils qu’elles ont saisis. » (Voyage de Carver, pages 224, et 22 de l’original.) M. Marsden, qui cite aussi Carver, fait une remarque digne d’attention ; il observe que le masque de l’armure de Montezuma, conservé à Bruxelles, a de très-larges moustaches, et que les Américains n’auraient pas imité cet ornement, si la nature ne leur eût offert le modèle. Les observations faites par le capitaine Cook sur la côte ouest de l’Amérique septentrionale, jointe à celles de Carver dans l’intérieur de ce continent, et confirmées par le masque mexicain dont on vient de parler, sont plus que suffisantes pour être de l’avis de M. Marsden, qui s’énonce d’une manière bien modeste : « Sans les autorités nombreuses et