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l’anse où nous étions mouillés, ils s’arrêtèrent, et ils se tinrent plus d’une demi-heure rangés en ligne à une distance de six cents à neuf cents pieds des vaisseaux. Nous crûmes d’abord qu’ils craignaient de s’approcher davantage, mais nous nous trompions ; ils se préparaient à une cérémonie préliminaire. Ils ne tardèrent pas à s’avancer en se tenant debout sur leurs embarcations, et en chantant : quelques-unes de leurs chansons, auxquelles toute la troupe prit part, étaient d’un mouvement lent, et d’autres d’un mouvement plus vif ; ils les accompagnaient de mouvemens très-réguliers de leurs mains ; ils frappaient en mesure avec leurs pagaies les côtés de leurs pirogues, et ils faisaient d’ailleurs une multitude de gestes très-expressifs : ils gardèrent le silence pendant quelques secondes, à la fin de chaque air, et ils recommencèrent ensuite, en prononçant par intervalles, à perte de voix, le mot houi. Après nous avoir donné un essai de leur musique, que nous écoutâmes plus d’une demi-heure, et que nous trouvâmes extrêmement agréable, ils se rendirent le long des bâtimens, et ils échangèrent leurs cargaisons. Plusieurs des habitans du port, avec lesquels nous avions formé des liaisons d’amitié, se trouvaient parmi eux, et ils dirigèrent tous les échanges d’une manière qui fut très-avantageuse aux étrangers.

» Lorsqu’ils eurent terminé leurs échanges et leurs cérémonies, nous prîmes chacun un canot, le capitaine Clerke et moi, et nous allâ-