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cueil à la mauvaise humeur d’un chef qui ne voulut pas me laisser pénétrer dans les cabanes, qui me suivit partout où je portai mes pas, et qui me témoigna plusieurs fois, par des gestes très-expressifs, combien il était impatient de me voir partir. J’essayai vainement de le gagner par mes largesses ; il les accepta, mais il ne changea pas de conduite : quelques-unes des jeunes femmes qui se plaisaient à nous voir se revêtirent à la hâte de leurs plus beaux habits ; elles s’assemblèrent en corps ; elles nous témoignèrent que nous étions les bienvenus, et elles chantèrent en chœur des airs qui n’avaient rien de rude ou de désagréable.

» J’aperçus, à mon arrivée à bord, que, durant mon absence, les vaisseaux avaient reçu la visite de deux ou trois embarcations, dont les équipages annoncèrent par des signes qu’ils venaient du sud-est, de l’autre côté de la baie. Ils avaient apporté des peaux, des vêtemens, et divers ouvrages du pays, que nous achetâmes. Je ne dois pas oublier un singulier article de leur cargaison : c’étaient deux cuillères d’argent qu’ils nous vendirent ; nous les jugeâmes de fabrique espagnole, d’après leur forme particulière ; l’un d’eux les portait à son cou comme un ornement ; ils parurent aussi mieux fournis de fer que les habitans de Noutka.

» Le 22, à huit heures du matin, douze ou quatorze pirogues d’indigènes étrangers à la tribu qui vivait près de nous arrivèrent, venant du sud. Dès qu’ils eurent doublé la pointe de