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du 31. Nous fûmes entourés un moment de plus de cent pirogues, dans chacune desquelles nous pûmes, en prenant un terme moyen, supposer cinq personnes : en effet, quelques-unes en avaient trois ; mais on en comptait sept, huit et neuf sur un grand nombre, et dix-sept sur une seule. Plusieurs Indiens montèrent à bord ; ils s’approchèrent de nous en prononçant des harangues et faisant des cérémonies pareilles à celles que j’ai décrites plus haut. Si nous leur inspirâmes d’abord de la défiance ou de la crainte, ils ne paraissaient plus éprouver ces sentimens ; car ils se rendirent sur le pont, et ils se mêlèrent avec les matelots sans aucune réserve. Nous ne tardâmes pas à découvrir qu’ils étaient aussi habiles filous qu’aucun des peuples que nous avions rencontrés. Ils étaient même plus dangereux sur ce point ; car, ayant des instrumens et des outils de fer, ils coupaient le croc d’un palan, ou bien ils enlevaient le fer des cordages dès que nous cessions un moment de les surveiller : ils nous volèrent ainsi un grand croc du poids de vingt à trente livres, d’autres d’une moindre grosseur, et diverses ferrures. Nous eûmes en vain la précaution de mettre des hommes de garde dans nos canots ; ils y prirent tous les morceaux de fer qui valaient la peine d’être emportés. Ils combinaient leurs larcins avec assez de dextérité ; l’un d’eux amusait la sentinelle à l’une des extrémités de nos embarcations, tandis qu’un de ses camarades arrachait le fer à l’autre extrémité. Si