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ne tardèrent pas à confirmer nos soupçons ; car, en sortant de la maison, nous aperçûmes près de l’entrée un petit espace carré, et un second, moindre encore ; et ayant demandé ce que c’était, notre guide nous répondit tout de suite qu’on avait enterré dans l’un un homme sacrifié aux dieux Taata[1], Tabou[2], et dans l’autre, un cochon immolé aussi à la divinité. Nous observâmes, à peu de distance de ceux-ci, trois autres espaces carrés, ornés chacun de deux morceaux de bois sculptés, et couverts de fougère : c’étaient les tombeaux de trois chefs. On voyait sur le devant un espace oblong et enclos, que notre conducteur appelait aussi tangatatabou ; il ajouta si clairement que nous ne pûmes nous y méprendre, qu’on y avait enterré les victimes humaines sacrifiées aux funérailles des trois chefs. Je fus vivement affligé de rencontrer des preuves de cet usage sanguinaire dans toutes les terres du grand Océan parmi des peuples qui sont si éloignés, et même qui ne se connaissent pas, quoique tout annonce l’identité de leur origine. Ce qui augmenta ma douleur, tout indiquait que ces barbares sacrifices étaient très-communs. L’île semblait remplie de tombeaux de victimes humaines, pareils à celui que je viens de décrire : il était l’un des moins considérables, et il avait beaucoup moins d’apparence que plusieurs autres qui frappèrent

  1. Les naturels de cette île disent quelquefois Tanata ou Tangata.
  2. On prononce quelquefois Tasou.