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taient d’abord égarés ; mais, ne s’accordant pas sur la route qu’ils devaient suivre pour rejoindre leurs camarades, l’un d’eux rejoignit en effet le détachement après avoir été absent pendant vingt-quatre heures, et s’être trouvé dans la plus grande détresse ; il ne put se procurer une seule goutte d’eau douce, car il n’y en a point dans l’île, et le canton où il était ne lui offrait pas un coco pour étancher sa soif ; il imagina de tuer des tortues et d’en boire le sang. Lorsqu’il se sentait accablé de fatigue, il se déshabillait et se mettait quelque temps dans les basses eaux qu’on voit sur la grève, et il dit que cette manière de se rafraîchir le soulagea constamment.

» Nous ne concevions pas comment ces deux hommes étaient venus à bout de se perdre : l’espace qu’ils avaient à parcourir depuis la côte de la mer jusqu’à la lagune où étaient les canots n’est pas de plus de trois milles ; rien n’obstruait leur vue, car l’île est plate ; on n’y rencontre qu’un petit nombre d’arbrisseaux, et il y a bien des points d’où ils pouvaient apercevoir les mâts de la Résolution et de la Découverte ; mais ils ne songèrent pas à ce moyen de se diriger ; ils oublièrent de quel côté les vaisseaux étaient mouillés ; ils furent tout aussi embarrassés pour gagner le mouillage ou atteindre le détachement dont ils venaient de se séparer que s’ils étaient tombés des nues. Si l’on observe que les matelots, en général, sont d’une gaucherie et d’une bêtise