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fin de tromper la classe inférieure du peuple ; il ne paraît pas que le chef ait la moindre autorité pour le punir, et on ne peut voir ici qu’un complot entre le manahouné et son supérieur pour satisfaire la vengeance du premier et la cupidité du second. Au reste, on ne doit pas être surpris que l’homicide soit regardé comme un délit si léger dans un pays où le meurtre de ses propres enfans n’est pas réputé criminel. Je leur ai parlé à diverses reprises de cette barbarie atroce qui blesse les premiers sentimens de la nature ; je leur ai demandé si elle n’excitait pas l’indignation des chefs et des principaux de l’île, et si on ne la punissait pas ; ils m’ont toujours répondu que le chef ne pouvait ni ne voulait intervenir, et que chacun a le droit de faire ce qu’il veut de ses enfans.

» Quoiqu’on trouve, en général, sur les îles des environs les mêmes productions, la même race d’hommes, les mêmes usages et les mêmes mœurs qu’à Taïti, on y observe néanmoins un petit nombre de différences qu’il est à propos d’indiquer : elles serviront peut-être un jour à en faire apercevoir de plus grandes.

» La petite île de Mataia ou d’Osnabrug, qui gît à vingt lieues à l’est de Taïti, et qui appartient à un chef taïtien auquel elle paie des tributs, emploie un dialecte différent de celui de Taïti. Ses habitans portent leurs cheveux très-longs ; et lorsqu’ils se battent, ils couvrent leurs bras avec une substance garnie de dents