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bola battirent ceux de Houaheiné. Un homme de sa famille eut ensuite occasion de se venger ; il battit à son tour les insulaires de Bolabola, et, coupant un morceau de la cuisse de l’un de ses ennemis, il le rôtit et il le mangea. Le capitaine Cook a raconté plus haut qu’on offre au roi un œil du malheureux qu’on immole aux dieux, et nous n’avons vu dans cet usage que les restes d’une coutume qui était jadis beaucoup plus étendue, et dont cette cérémonie emblématique rappelle le souvenir.

» La prérogative d’être investi du maro, et de présider aux sacrifices humains, paraît être un des attributs distinctifs de la souveraineté. Il faut peut-être y ajouter celui de sonner d’une conque, qui produit un son très-éclatant. Dès que le roi donne ce signal, tous ses sujets sont obligés de lui apporter des denrées de différentes espèces, en proportion de leurs facultés. Son nom seul leur inspire un respect qui va jusqu’à l’extravagance, et il les rend quelquefois cruels. Lorsqu’on le revêt du symbole de la royauté, s’il y a dans la langue des mots qui aient de la ressemblance avec celui de maro, on les change, et on en substitue d’autres ; l’homme qui a ensuite la hardiesse de ne pas se soumettre à ce changement, et de continuer à se servir des mots proscrits, est sur-le-champ mis à mort avec toute sa famille. On traite d’une manière aussi barbare ceux qui s’avisent d’appeler un animal du nom du prince. D’après cet usage, O-maï fut toujours