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pensent aussi qu’il y a d’autres endroits destinés à recevoir les âmes après la mort. Ceux, par exemple, qui se noient dans la mer y demeurent au sein des flots ; ils y trouvent un beau pays, des maisons et tout ce qui peut les rendre heureux. Ils soutiennent de plus que tous les animaux, que les arbres, les fruits, et même les pierres, ont des âmes qui, à l’instant de la mort ou de la dissolution, montent auprès de la Divinité, à laquelle ses substances s’incorporent d’abord, pour passer ensuite dans la demeure particulière qui leur est destinée.

» Ils sont persuadés que la pratique exacte de leurs devoirs religieux leur procure toutes sortes d’avantages temporels ; et comme ils assurent que l’action puissante et vivifiante de l’esprit de Dieu est répandue partout, on ne doit pas s’étonner s’ils ont une foule d’idées superstitieuses sur ses opérations. Ils disent que les morts subites et tous les autres accidens sont l’effet de l’action immédiate de quelque divinité. Si un homme se heurte contre une pierre et se blesse l’orteil, ils attribuent la meurtrissure à l’éatoua ; en sorte que, selon leur mythologie, ils marchent réellement sur une terre enchantée. Ils tressaillent pendant la nuit, lorsqu’ils approchent d’un toupapaou, où sont exposés les morts, ainsi que les hommes ignorans et superstitieux de nos contrées de l’Europe redoutent les esprits à la vue d’un cimetière. Ils croient aussi aux songes, qu’ils