Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Les femmes contribuant beaucoup aux agrémens de cette vie de plaisir, on est surpris qu’outre les humiliations dont on les accable, en ce qui a rapport aux alimens et à la manière de les prendre, elles soient traitées souvent avec une dureté, ou plutôt une brutalité qui semble exclure la plus légère affection. Rien toutefois n’est plus ordinaire de les voir impitoyablement battues par les hommes ; il est difficile d’expliquer ces violences, à moins qu’elles ne soient l’effet de la jalousie, qui, de l’aveu des Taïtiens, tourmente quelquefois les deux sexes. J’adopterais volontiers cette explication ; car, en bien des occasions, j’ai trouvé les femmes plus sensibles aux charmes de la figure qu’à des vues d’intérêt ; mais je dois avouer que même alors elles paraissent à peine susceptibles de ces sentimens délicats que produit une tendresse mutuelle, et qu’il y a moins d’amour platonique à Taïti que dans aucun autre pays du monde.

» Des idées de propreté firent imaginer aux Taïtiens l’amputation ou l’incision du prépuce, et ils ont dans leur langue une épithète injurieuse pour ceux qui n’observent pas cet usage. Lorsqu’il se trouve dans un canton cinq ou six petits garçons d’un âge convenable, le père de l’un d’eux va en avertir le tahoua, ou l’un des savans du pays. Le tahoua, suivi d’un domestique, mène les petits garçons au sommet d’une colline ; après avoir donné à l’un d’eux une attitude propre à l’opération, il in-