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tait plusieurs mois, et même une année ou deux. Les cochons se multiplient tellement durant cette prohibition, qu’on les a vus devenir sauvages. Lorsqu’il paraît convenable de lever la défense, tous les chefs se rendent auprès du roi, et chacun d’eux lui apporte des cochons. Le roi ordonne d’en tuer quelques-uns qu’on sert aux chefs, et ils s’en retournent avec la liberté d’en tuer désormais pour leur table. La prohibition dont je viens de parler subsistait lors de notre arrivée à Taïti, du moins dans les cantons qui dépendent immédiatement d’Otou ; et de peur qu’elle ne nous empêchât d’aller à Matavaï lorsque nous aurions quitté Oheitepeha, il nous assura, par un messager, qu’il la révoquerait dès que nos vaisseaux auraient gagné le port. Elle fut levée en effet, du moins par rapport à nous ; mais nous fîmes une si grande consommation de ces animaux, qu’on la rétablit sans doute après notre départ. Le gouvernement défend aussi quelquefois de tuer des volailles.

» L’ava est surtout en usage parmi les insulaires d’un rang distingué. Ils le font d’une manière un peu différente de celle dont nous avons été si souvent témoins aux îles des Amis ; car ils versent une très-petite quantité d’eau sur la racine, et quelquefois ils grillent ou ils cuisent au four, et ils broient les tiges sans les hacher. Ils emploient d’ailleurs les feuilles broyées de la plante, et ils y versent de l’eau comme sur la racine. Ils ne se réunissent pas en troupes