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des malades près de rendre le dernier soupir, ou des guerriers qui se préparaient au combat, et je n’ai pas remarqué que la mélancolie ou des réflexions tristes répandissent des nuages sur leur physionomie.

» Ils ne s’occupent que de ce qui peut leur donner du plaisir et de la joie. Le but de leurs amusemens est toujours d’accroître la force de leur penchant amoureux ; ils aiment passionnément à chanter, et le plaisir est aussi l’objet de leurs chansons : mais comme on est bientôt rassasié des jouissances charnelles non interrompues, ils varient les sujets de ces chants, et ils se plaisent à célébrer leurs triomphes à la guerre, leurs travaux durant la paix, leurs voyages aux terres voisines, et les aventures dont ils ont été les témoins, les beautés de leur île, et ses avantages sur les pays des environs, ou ceux de quelques cantons de Taïti sur ceux qui sont moins favorisés. La musique a pour eux beaucoup de charmes ; et quoiqu’ils montrassent une sorte de dégoût pour nos compositions savantes, les sons mélodieux que produisait chacun de nos instrumens en particulier, approchant davantage de la simplicité des leurs, les ravissaient toujours de plaisir.

» Ils connaissent les impressions voluptueuses qui résultent de certains exercices du corps, et qui chassent quelquefois le trouble et le chagrin de l’âme avec autant de succès que la musique. Je puis citer là-dessus un fait remarquable qui s’est passé sous mes yeux. Me pro-