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La barbe que les hommes portent longue, et leur chevelure qui n’est pas coupée si près qu’à Tongatabou, produisaient un autre contraste, et il nous sembla dans toutes les occasions qu’ils montraient plus de timidité et de légèreté de caractère. On n’a pas à Taïti ces formes musculaires qui sont si communes parmi les naturels des îles des Amis, et qui sont la suite d’un exercice très-prolongé. Taïti étant beaucoup plus fertile, ses habitans mènent une vie plus indolente, et ils offrent cet embonpoint et cette douceur de la peau qui les rapprochent peut-être davantage des idées que nous avons de la beauté, mais qui ne contribue pas à embellir leur figure, puisqu’il en résulte une sorte de langueur dans leurs mouvemens : nous fîmes surtout cette remarque en voyant leurs combats de lutte et de pugilat, qui paraissent de faibles efforts d’enfans, si on les compare à la vigueur des mêmes combats exécutes aux îles des Amis.

» Les Taïtiens, estimant beaucoup les avantages extérieurs, recourent à plusieurs moyens pour les augmenter : ils sont accoutumés, surtout parmi les arreoïs ou les célibataires d’un certain rang, de se soumettre à une opération médicale, afin de blanchir leur peau : à cet effet, ils passent un mois ou deux sans sortir de leur maison ; durant cet intervalle, ils portent une quantité considérable d’étoffes, et ils ne mangent que du fruit à pain, auquel ils attribuent la propriété de blanchir le corps. Ils