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menter le charme de cette perspective, la portion de mer qui est en dedans du récif et qui borde la côte est d’une tranquillité parfaite ; les insulaires y naviguent en sûreté dans tous les temps ; on les y voit se promener mollement sur leurs pirogues, lorsqu’ils passent d’une habitation à l’autre, ou lorsqu’ils vont à la pêche. Tandis que je jouissais de ces coups d’œil ravissans, j’ai souvent regretté de ne pouvoir les décrire d’une manière à communiquer aux lecteurs une partie de l’impression qu’éprouvent tous ceux qui ont le bonheur d’aborder à Taïti.

» C’est sans doute la fertilité naturelle du pays, jointe à la douceur et à la sérénité du climat, qui donne aux insulaires tant d’insouciance pour la culture. Il y a une foule de cantons couverts des plus riches productions où l’on n’aperçoit pas la moindre trace du travail de l’homme. Ils ne soignent guère que la plante d’où ils tirent leurs étoffes, laquelle vient des semences apportées des montagnes, et l’ava ou le poivre énivrant, qu’ils garantissent du soleil lorsqu’il est très-jeune, et qu’ils couvrent à cet effet de feuilles d’arbres à pain ; ils tiennent fort propres l’une et l’autre de ces plantes.

» J’ai fait de longues recherches sur la manière dont ils cultivent l’arbre à pain, et on m’a toujours répondu qu’ils ne le plantent jamais. Si l’on examine les endroits où croissent les rejetons, on en sera convaincu. On obser-