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dépourvus des matières premières, ou ignorant l’art de les fabriquer, ils cessent de recevoir des cargaisons de ceux de nos outils qui leur sont devenus nécessaires à bien des égards.

» Quoique Taïti ne soit pas, à proprement parler, au nombre des terres que j’ai appelées îles de la Société en 1769, elle est habitée par la même race d’hommes, qui ont le même caractère et les mêmes mœurs que les insulaires voisins. Ce fut un bonheur pour nous de découvrir cette île principale avant les autres ; l’accueil amical et hospitalier que nous y reçûmes nous a déterminés, dans nos différentes courses sur cette partie du grand Océan, à y faire des relâches plus longues. La multiplicité de nos relâches nous a fourni plus d’occasions d’étudier les productions et les mœurs de ses habitans que nous n’en avons eu d’observer les îles et les peuples d’alentour. Au reste, nous connaissons assez bien les derniers pour assurer que tout ce que nous avons dit de Taïti leur est applicable, avec de très-légères modifications.

» Nos premières relations n’ont décrit que trop en détail les scènes de sensualité qui rendent Taïti un séjour si agréable à la plupart des navigateurs, et lors même que j’aurais quelques traits à ajouter à cette esquisse déjà tracée d’une manière assez exacte, j’hésiterais à peindre dans mon journal des mœurs licencieuses, propres seulement à exciter le dégoût des lecteurs qui cherchent à s’instruire ; mais quel-