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leur avons donné le goût. Si l’on n’a pas soin de leur envoyer ces secours passagers, ils éprouveront vraisemblablement une disette très-fâcheuse à une époque où ils ne pourront plus reprendre leurs méthodes, moins parfaites, qu’ils méprisent aujourd’hui, et dont ils ne font plus usage depuis qu’ils se servent des nôtres. En effet, lorsque les outils de fer qu’ils emploient maintenant seront usés, ils auront presque oublié la forme des instrumens qu’ils employaient jadis ; une hache de pierre est actuellement aussi rare que l’était une de fer il y a huit ans, et l’on n’aperçoit pas un ciseau d’os ou de pierre. Les grands clous ayant remplacé les ciseaux de pierre, leur simplicité est si grande, qu’ils croient leur provision de cet objet inépuisable ; car ils ne nous en demandèrent jamais de nouveaux : ils changèrent néanmoins quelquefois des fruits contre des clous d’une moindre grosseur. Les couteaux étaient fort estimés à Ouliétéa ; et, dans chacune de ces îles, les herminettes et les petites haches l’emportèrent sur les autres marchandises. Quant aux objets de parure, leur fantaisie est aussi mobile que celle des nations polies de l’Europe, et la chose qui plaît à leur imagination, lorsque la mode lui donne du prix, est dédaignée lorsqu’il s’établit une mode nouvelle ; mais nos outils de fer sont d’une utilité si frappante, qu’on peut assurer hardiment qu’ils continueront toujours à les estimer beaucoup, et qu’ils seront très-à plaindre, si,