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peu à leurs succès : ils imaginèrent que ce dieu ne voulait point nous permettre d’aborder à une île qui est sous sa protection spéciale, et qu’il nous retint par des vents contraires à Ouliétéa.

» Il est évident que les insulaires de Bolabola jouissent de la plus haute estime à Taïti, puisqu’on leur a envoyé l’ancre de Bougainville, et il faut expliquer de la même manière le projet de leur envoyer en outre le taureau qu’y laissèrent les Espagnols : ils étaient déjà en possession du mâle d’un autre quadrupède déposé à Taïti par les mêmes navigateurs. D’après la description imparfaite que nous en firent les Taïtiens, nous aurions été bien embarrassés de deviner de quelle espèce il était : mais les déserteurs du capitaine Clerke m’apprirent, à leur retour de Bolabola, qu’on leur avait montré l’animal, et que c’était un bélier. Il résulte souvent du bien d’un mal quelconque ; et si le midshipman et le matelot n’avaient pas déserté, j’aurais ignoré de quel quadrupède il s’agissait. Je profitai de cette information, lorsque je débarquai, pour voir Opouray. Je conduisis à terre une brebis que nous avions amenée du cap de Bonnes-Espérance, et j’ai lieu de croire que les habitans de Bolabola auront désormais des moutons. J’ai laissé aussi à Ouliétéa, aux soins d’Oréo, un verrat et une truie, et deux chèvres ; en sorte que Taïti et toutes les îles d’alentour ne tarderont pas à voir leur race de cochons améliorée, et à posséder des