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l’époque de son commencement et de sa fin, d’après des circonstances accessoires que nous observâmes nous-mêmes ; les naturels ne nous dirent rien de précis sur ce point. La conquête d’Ouliétéa, qui termina la guerre, fut achevée avant la relâche que je fis aux îles de la Société en 1769, et il y a lieu de croire que la paix venait d’être rétablie, car nous aperçûmes alors des traces bien récentes des hostilités commises sur cette île. L’âge de Taïritaria, chef actuel de Houaheiné, peut aussi nous guider ; ses traits n’annonçaient pas plus de dix ou douze ans, et nous apprîmes que son père avait été tué dans une des batailles. Pour ce qui regarde le commencement des hostilités, les jeunes gens d’environ vingt ans, que nous interrogeâmes, se souvenaient à peine des premiers combats, et j’ai déjà dit que les compatriotes d’O-maï, rencontrés par nous à Ouatiou, n’avaient pas ouï parler de cette guerre : ainsi elle commença après leur voyage.

» Depuis la conquête d’Ouliétéa et d’Otaha, les guerriers de Bolabola ont été regardés comme invincibles ; et telle est l’étendue de leur renommée, qu’à Taïtï, île trop éloignée pour avoir à craindre une invasion, on parle de leur valeur, sinon avec effroi, du moins avec éloge. On dit qu’ils ne prennent jamais la fuite dans une bataille, et qu’à nombre égal ils triomphent toujours des autres insulaires. Les peuples voisins semblent croire que la supériorité du dieu de Bolabola ne contribue pas