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de leurs compatriotes ou des naturels d’Ouliétéa qu’ils rencontrèrent, attendris par le récit des cruautés du vainqueur, leur donnèrent quelques secours, mais ils ne purent équiper que dix pirogues de guerre. Quoique leur force fût si peu considérable, ils concertèrent leur plan d’une manière sage : ils débarquèrent à Houaheiné pendant une nuit obscure ; et, tombant à l’improviste sur les vainqueurs, ils en tuèrent la plupart et obligèrent le reste à se sauver. Ils reprirent ainsi l’île de Houaheiné, qui depuis cette époque ne reconnaît pour souverains que ses propres chefs. Immédiatement après la défaite des escadres réunies d’Ouliétéa et de Houaheiné, les habitans d’Otaha demandèrent aux naturels de Bolabola, leurs alliés, à être admis au partage de la conquête ; ils essuyèrent un refus, et ils rompirent l’alliance : il y eut une guerre, et l’île d’Otaha, ainsi que celle d’Ouliétéa, furent subjuguées. L’une et l’autre se trouvent aujourd’hui soumises à Bolabola. Les chefs qui y commandent sont des lieutenans d’Opouny. Pour réduire les deux îles, les guerriers de Bolabola livrèrent cinq batailles, dans lesquelles il y eut un grand nombre d’hommes tués.

» Tels sont les détails que nous apprîmes des gens du pays. J’ai remarqué plus d’une fois que ces peuples ne fixent pas d’une manière exacte les dates des événemens un peu anciens. Quoique la guerre dont je viens de parler soit très-récente, nous fûmes réduits à calculer