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prêtresse, ou plutôt par une prophétesse qui leur annonçait la victoire : pour ne pas leur laisser de doute sur la certitude de sa prédiction, elle dit que, si on envoyait un d’entre eux dans un endroit de la mer qu’elle désigna, il verrait s’élever une pierre du sein des flots. L’un d’eux prit en effet une pirogue, et se rendit au lieu indiqué ; il essaya de plonger dans la mer pour reconnaître où était la pierre ; mais il fut à peine sous l’eau, qu’il fut rejeté brusquement à la surface avec la pierre à sa main. Les naturels, étonnés de ce prodige, déposèrent religieusement la pierre dans la maison de l’éatoua, et on la conserve à Bolabola, afin d’attester que la femme était inspirée par le dieu. Ne doutant plus du succès, l’escadre de Bolabola alla chercher les pirogues d’Ouliétéa et de Houaheiné. Celles-ci se trouvant jointes les unes aux autres par de grosses cordes, le combat fut long ; et, malgré la prédiction et le miracle, les insulaires de Bolabola auraient vraisemblablement été battus, si la marine d’Otaha n’était pas arrivée au moment de la crise. Ce renfort décida le sort de la journée. Les naturels de Bolabola défirent l’ennemi et tuèrent beaucoup de monde : profitant de la victoire, ils envahirent Houaheiné, qu’ils savaient mal défendue, et dont la plupart des guerriers étaient absens. Ils se rendirent maîtres de l’île, et un grand nombre des habitans se réfugièrent à Taïti, où ils racontèrent leurs désastres. Ceux