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havre ; l’ancre n’était ni aussi grande, ni aussi entière que je l’imaginais. Je reconnus à la marque qu’elle avait pesé sept cents au sortir de la forge ; l’organeau, une partie de la tige, et les deux pates manquaient. Je sentis alors pourquoi Opouny n’avait pas terminé tout de suite notre marché ; il imaginait sans doute que mon présent excédait trop la valeur de l’ancre, et que je lui reprocherais de m’avoir trompé. Quoi qu’il en soit, je pris l’ancre et j’envoyai au roi tous les objets que je lui avais promis. Ma négociation ainsi terminée, je retournai à bord, et quand on eut remonté les canots, nous nous éloignâmes de Bolabola, et nous fîmes route au nord.

» Tandis qu’on remontait les canots, quelques-uns des naturels arrivèrent sur trois ou quatre pirogues, disant qu’ils venaient voir nos vaisseaux ; ils nous apportèrent un petit nombre de cocos, et un cochon de lait, le seul que nous nous procurâmes sur cette île. Je suis persuadé cependant que, si nous avions attendu jusqu’au lendemain, on nous aurait fourni des provisions en abondance ; et je crois que les naturels eurent bien du regret de nous voir partir sitôt ; mais, comme nous avions déjà beaucoup de cochons et de fruits, et fort peu de moyens d’en obtenir davantage, rien ne m’engageait à différer la suite de notre voyage.

» La montagne élevée et à double pic, qu’on voit au milieu de l’île, nous parut stérile au