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bain d’eau douce ; j’allais souvent au bain seul, et toujours sans armes. Ils avaient résolu de m’attendre ce jour-là, et de s’assurer de ma personne et de celle du capitaine Clerke, s’ils le trouvaient avec moi. Mais, depuis que je tenais aux arrêts la famille d’Oréo, je n’avais pas cru devoir m’exposer, et j’avais recommandé au capitaine Clerke et aux officiers de ne pas s’éloigner des vaisseaux. Dans le cours de l’après-midi, le chef me demanda à trois reprises différentes si je n’irais point me baigner ; et, s’apercevant que ce n’était pas mon dessein, il s’en alla avec ses gens, malgré tout ce que je pus dire et faire pour le retenir. N’ayant point alors de soupçons de leur projet, j’imaginai qu’une frayeur subite s’était emparée d’eux, et que cette terreur, selon leur usage, ne tarderait pas à se dissiper : comme il ne leur restait plus d’espoir de m’attirer dans le piége, ils essayèrent d’arrêter ceux de nos messieurs qui étaient un peu éloignés de la côte. Heureusement pour eux et pour nous, ils ne réussirent pas. Par un autre hasard également heureux, tout ceci se passa sans effusion du sang ; on ne tira que deux ou trois coups de fusil, afin d’arrêter les pirogues. M. Clerke et M. Gore durent peut-être leur sûreté à ces deux ou trois coups de fusil[1] ; car dans ce même instant une

  1. Le capitaine Clerke marchait avec un pistolet qu’il tira une fois ; cette circonstance, à laquelle ils durent peut-être leur sûreté, se trouve omise dans le journal du capitaine Cook et dans celui de M. Anderson ; mais nous l’avons apprise du capitaine King.