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îles de la Société ; mais je ne me suis pas aperçu qu’il ait fait le moindre effort pour s’en instruire. Cette espèce d’indifférence, je l’avoue, est le défaut caractéristique de ses compatriotes. Ils ont reçu à diverses reprises, depuis dix ans, la visite des navigateurs européens ; je n’ai pas découvert toutefois qu’ils aient essayé le moins du monde de profiter de ce commerce, et jusqu’ici ils ne nous ont copiés en rien. Il est donc difficile qu’O-maï vienne à bout d’introduire parmi eux un grand nombre de nos arts et de nos coutumes, ou qu’il perfectionne beaucoup les usages et les méthodes auxquels ces peuples sont accoutumés depuis si long-temps. Je suis persuadé néanmoins qu’il cultivera les arbres fruitiers et les végétaux que nous avons plantés, et que les îles de la Société lui auront en ce point des obligations essentielles ; mais le plus grand avantage qu’elles semblent devoir tirer de ses voyages, résultera des quadrupèdes nouveaux que nous y avons laissés, et que vraisemblablement elles n’auraient jamais obtenus, s’il n’était pas venu en Angleterre. Lorsque ces animaux se seront multipliés, Taïti et les autres îles de la Société égaleront, si elles ne surpassent pas, les relâches célèbres par l’abondance des provisions.

» Ce retour d’O-maï et les preuves séduisantes qu’il offrait de notre libéralité excitèrent un grand nombre d’insulaires à me demander la permission de me suivre à Bretané[1]. J’eus

  1. En Angleterre.