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couverts ; elles y creusaient bientôt des trous comme on en voit dans une ruche à miel. Elles mangeaient en particulier les oiseaux que nous avions empaillés, et que nous conservions comme des curiosités ; ce qui était plus fâcheux encore, elles semblaient aimer l’encre avec passion ; en sorte que l’écriture des étiquettes attachées à nos divers échantillons était complétement rongées ; la fermeté seule de la reliure pouvait conserver les livres, en empêchant ces animalcules déprédateurs de se glisser entre les feuillets. M. Anderson en aperçut deux espèces, la blatta orientalis et la germanica. La première avait été apportée de mon second voyage, et quoique le vaisseau eût toujours été en Angleterre dans le bassin, elle avait échappé à la rigueur de l’hiver de 1776. La seconde ne se montra qu’après notre départ de la Nouvelle-Zélande ; mais elle s’était multipliée si prodigieusement, qu’outre les dégâts dont je parlais tout à l’heure, elle infestait jusqu’au grément ; et dès qu’on lâchait une voile, il en tombait des milliers sur le pont. Les blattes orientales ne sortaient guère que la nuit ; elles faisaient alors tant de bruit dans les chambres et dans les postes, que tout semblait y être en mouvement. Outre le désagrément de nous voir ainsi environnés de toutes parts, elles couvraient de leurs excrémens notre biscuit à un point qui aurait excité le dégoût des gens un peu délicats.

» Rien ne troubla jusqu’au 22 le commerce