Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les effets de la reconnaissance, je voulus employer un moyen plus imposant, celui de la terreur. Je ne laissai échapper aucune occasion d’avertir les insulaires que je me proposais de revenir dans l’île après une absence de la durée ordinaire ; que, s’ils attentaient à la propriété ou à la personne de mon ami, je me vengerais impitoyablement de tous ceux qui lui auraient fait du mal. Selon toute apparence, cette menace servira beaucoup à contenir les naturels ; car les diverses relâches que nous avons faites aux îles de la Société leur persuadent que nos vaisseaux doivent revenir à certaines époques ; et tant qu’ils auront cette idée, que j’eus soin d’entretenir, O-maï peut espérer de jouir en paix de sa fortune et de sa plantation.

» Tandis que nous étions dans ce havre, on porta à terre le reste du biscuit qui était dans la soute aux vivres, afin d’en ôter la vermine qui le dévorait. On ne peut imaginer à quel point les blattes infestaient mon vaisseau. Le dommage qu’elles nous causèrent fut très-considérable, et nous employâmes vainement toutes sortes de moyens pour les détruire. Ces blattes ne firent d’abord que nous incommoder ; habitués aux ravages que produisent les insectes, nous y fîmes peu d’attention ; mais elles étaient devenues pour nous une véritable calamité, et elles détruisaient presque tout ce qui se trouvait à bord. Les comestibles exposés à l’air durant quelques minutes en étaient