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» Nous partîmes d’Eiméo le 11 avec un beau temps et un joli vent. Le 12, à la pointe du jour, nous découvrîmes Houaheiné. À midi, nous mouillâmes à l’entrée septentrionale du havre d’Ouharré, situé à la côte ouest de l’île. L’après-dînée se passa à remorquer les vaisseaux dans un lieu convenable, et à les y amarrer. O-maï entra un instant avant nous sur sa pirogue dans le havre d’Ouharré ; mais il ne débarqua point : ses compatriotes se rassemblèrent en foule pour le voir, et il ne fit pas beaucoup d’attention à eux. Une foule encore plus grande d’insulaires vint à bord de la Résolution et de la Découverte, et ils nous incommodèrent tellement, qu’elle gêna le service. Les passagers que nous avions à bord les avertirent de ce que nous avions fait à Eiméo ; ils exagérèrent le nombre des maisons et des pirogues que nous y avions saccagées ; ils en comptèrent au moins six fois plus que nous n’en détruisîmes réellement. Je ne fut pas fâché de cette exagération ; car je m’aperçus qu’elle produisait beaucoup d’effet : je pensai qu’elle déterminerait les insulaires à se mieux conduire envers nous que lors des premières relâches.

» J’avais appris à Taïti que mon vieil ami Ori n’était plus le chef suprême de Houaheiné, et qu’il résidait à Ouliétéa. Il n’avait jamais été que régent durant la minorité de Taïritaria, l’éri-rahié actuel ; mais il ne quitta la régence que lorsqu’il s’y vit forcé. Opouny et Toaouha,