» Nos deux vaisseaux embarquèrent à Eiméo du bois à brûler ; Taïti ne nous avait été d’aucune ressource pour cet objet ; car tous les arbres de Matavaï sont utiles aux habitans. Nous prîmes de plus, à Eiméo, une quantité assez considérable de cochons, de fruits à pain et de cocos ; peu d’autres végétaux se trouvaient alors de saison. Les productions d’Eiméo et de Taïti me paraissent les mêmes ; mais on aperçoit entre les femmes de ces îles une différence remarquable que je ne puis expliquer : celles d’Eiméo sont de petite taille ; elles ont le teint fort brun et des traits repoussans ; quand nous en apercevions une jolie, nous ne tardions pas à apprendre qu’elle était d’une île voisine.
» L’aspect général d’Eiméo ne ressemble point du tout à celui de Taïti : celle-ci, formant une seule masse de montagnes escarpées, n’a guère de terrains bas que quelques vallées profondes, et la bordure plate qui environne la plupart de ses cantons situés au bord de la mer. Eiméo, au contraire, a des montagnes qui se prolongent en différentes directions ; leur escarpement est très-inégal ; elles offrent, à leur pied, de très-grandes vallées, et sur leurs flancs des terrains qui s’élèvent en pente douce. Quoique remplies de rochers, elles sont, en général, couvertes d’arbres presque jusqu’au sommet ; mais souvent on ne voit que de la fougère sur les parties inférieures de la croupe.