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dessein de m’en servir lorsque je construirais une maison pour O-maï, dans l’île où il établirait sa résidence. Je pris ensuite une escorte, et je me rendis au havre voisin du nôtre : nous y détruisîmes trois ou quatre pirogues, nous en brûlâmes autant, et nous fûmes de retour aux vaisseaux à sept heures du soir. J’appris à mon arrivée qu’on avait ramené la chèvre environ une demi-heure auparavant, et je découvris qu’elle était venue d’une bourgade où les habitans m’avaient assuré la veille qu’ils n’en avaient pas entendu parler. Maheiné, frappé de mes dernières menaces, ne crut pas devoir se jouer plus long-temps de moi.

» Ainsi se termina cette pénible et malheureuse affaire ; les suites qu’elle entraîna ne me causèrent pas moins de regrets qu’aux insulaires. Ne m’étant point rendu aux sollicitations de nos amis de Taïti, qui me pressaient de favoriser leur invasion d’Eiméo, il fut bien douloureux pour moi d’être réduit sitôt à la nécessité de faire aux habitans de cette île une sorte de guerre qui peut-être leur nuisit plus que l’expédition de Toaouha.

» Nos correspondances avec les naturels se rétablirent le 11, et plusieurs pirogues apportèrent aux vaisseaux du fruit à pain et des cocos : j’en conclus, et ce me semble avec raison, que les insulaires sentaient que c’était leur faute si je les avais traités avec rigueur. La cause de mon déplaisir ne subsistant plus, ils paraissaient persuadés que je ne leur ferais plus de mal.