au lieu de rencontrer des ennemis rangés en bataille, je ne vis que des supplians ; ils déposèrent des bananiers à mes pieds, et ils me conjurèrent d’épargner une pirogue qui était près de là : je leur accordai de bon cœur ce qu’ils demandaient.
» Enfin, à quatre heures de l’après-midi, nous atteignîmes les canots, qui nous attendaient à Ouharraradé, district appartenant à Tiaratabounaoué. Ce chef, ainsi que les principaux du canton, s’étaient réfugiés sur les montagnes ; mais ils étaient les amis d’O-tou, et je ne touchai pas à leurs provisions. Après nous y être reposés environ une heure, nous partîmes pour nous rendre aux vaisseaux, où nous arrivâmes à huit heures du soir. À cette époque, nous n’avions reçu aucune nouvelle de la chèvre ; ainsi les opérations de cette journée ne produisirent pas l’effet que j’en avais espéré.
» Le 10, dès le grand matin, j’envoyai à Maheiné l’un des serviteurs d’O-maï ; je fis dire à ce chef, d’une manière positive, que, s’il persistait à ne vouloir point me rendre la chèvre, je ne laisserais pas une seule pirogue dans l’île, et qu’il pouvait s’attendre à me voir continuer les hostilités tant que je ne l’aurais pas reçue : afin que le messager sentît lui-même combien mes menaces étaient sérieuses, le charpentier détruisit, en sa présence, trois ou quatre pirogues amarrées sur la grève, au fond du havre. On amena les planches à bord ; j’avais