grandes pirogues. Il était avancé en âge, et ayant perdu l’usage de ses membres, on le portait sur une civière. Quelques insulaires l’appelaient Olla ou Ora, nom du dieu de Bolabola ; mais son véritable nom était Etary. D’après ce qu’on m’en avait dit, je comptais que le peuple lui prodiguerait une sorte d’adoration religieuse ; mais, excepté de jeunes bananiers placés devant lui et sur le pavillon sous lequel il était assis, je n’aperçus rien qui le distinguât des autres chefs. O-maï lui présenta une touffe de plumes rouges, liées à l’extrémité d’un petit bâton ; et lorsqu’il eut causé quelques momens sur des choses indifférentes avec ce prétendu dieu de Bolabola, il remarqua une vieille femme, la sœur de sa mère, qui se précipita à ses pieds, et qui les arrosa de larmes de joie.
» Je le laissai, avec sa tante, au milieu d’un cercle nombreux d’insulaires qui s’étaient rassemblés autour de lui, et j’allai examiner la maison qu’on m’assurait avoir été bâtie par les Espagnols. Je la trouvai à peu de distance de la plage : les bois qui la composaient me parurent avoir été apportés dans l’île tout préparés ; car chacun d’eux portait un numéro. Elle était divisée en deux petites chambres : je remarquai dans la seconde, un bois de lit, une table, un banc, de vieux chapeaux, et d’autres bagatelles que les naturels semblaient conserver soigneusement : ils ne prenaient pas moins de soin de la maison, qui n’avait pas souffert des injures du temps, parce qu’on avait bâti