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après que la cérémonie de notre présentation fut achevée : ces plumes sont sûrement à leurs yeux une marque particulière de distinction ; car nous n’en vîmes qu’aux chefs, et aux jeunes femmes qui dansèrent.

» Quelques-uns des hommes étaient tatoués sur les côtés et sur le dos d’une manière extraordinaire, et les jambes de plusieurs femmes nous offrirent la même parure. Mais cette espèce d’ornement nous parut réservée aux insulaires d’un rang supérieur ; et les hommes ainsi piquetés avaient d’ailleurs de la grosseur et de l’embonpoint, à moins qu’ils ne fussent très-jeunes. Les femmes d’un âge avancé portaient leurs cheveux courts ; plusieurs d’entre elles étaient couvertes de cicatrices qui formaient des lignes obliques sur tout le devant du corps ; quelques-unes de ces blessures présentaient des figures rhomboïdales, et elles étaient si récentes, qu’on y voyait encore le sang caillé.

» La femme de l’un des chefs se montra avec son enfant enveloppé dans un morceau d’étoffe rouge dont nous avions fait présent à son mari : elle semblait avoir beaucoup de tendresse pour son nourrisson ; et pour lui donner à téter, elle prenait la même attitude que les Anglaises. Un autre chef amena sa fille qui était jeune et belle, et qui avait toute la timidité naturelle à son sexe. Elle nous regarda avec intérêt ; nous jugeâmes que le désir de nous examiner était bien plus fort que sa modestie, qu’elle était bien surprise de rencontrer des hommes qui