moment où nous arrivâmes, cette circonstance augmenta son effroi. Il n’était pas en état de me donner beaucoup d’instruction ; et peu de temps après je fis mettre un canot à la mer, pour le reconduire dans son île. Quand il sortit de ma chambre, il tomba sur une de nos chèvres ; sa curiosité surmonta sa peur : il s’arrêta pour regarder l’animal, et il demanda à O-maï quel oiseau c’était ; et comme on ne lui répondait pas tout de suite, il adressa la même question à quelques-uns des matelots. Lorsque le canot sur lequel je le renvoyai fut près des brisans, il se jeta à la mer, et il gagna la côte à la nage. Dès qu’il fut à terre, une foule de ses compatriotes se rassemblèrent autour de lui ; nous jugeâmes qu’ils étaient fort empressés de l’entendre. Ils l’entouraient encore quand nous les perdîmes de vue. Le canot fut à peine de retour, que nous fîmes de la voile le cap au nord.
» Ainsi nous fûmes obligés de partir sans être descendus sur cette belle île, qui semblait propre à satisfaire tous nos besoins : elle gît par 21° 57′ de latitude sud, et 201° 53′ de longitude orientale ; les portions de la côte que nous examinâmes sont environnées d’un récif de corail, en dehors duquel la sonde ne rapporta point de fond : elle a cinq lieues de tour, et elle est d’une élévation modérée et assez égale. Lorsque le ciel est serein, on doit la découvrir à dix lieues de distance ; car nous l’apercevions encore à l’entrée de la nuit, quoique