Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à un certain nombre d’individus : ces grosses portions se subdivisent, en sorte qu’il est rare de trouver plus de deux ou trois personnes qui mangent ensemble. J’ai déjà dit que les femmes ne sont point exclues des repas des hommes ; certaines classes d’insulaires ne peuvent ni manger ni boire ensemble. Cette distinction commence au roi, et je ne sais pas où elle finit.

» Ils semblent ne pas avoir d’heure fixe pour leurs repas. Au reste, il faut observer que durant notre séjour parmi eux leur assiduité auprès de nous dérangea beaucoup leur manière de vivre habituelle. Si nous ne nous sommes pas trompés dans nos observations, les naturels d’un rang supérieur ne prennent que la kava le matin, et les autres mangent peut-être un morceau d’igname ; mais il nous a semblé qu’ils mangent tous quelque chose dans l’après-midi. Il est vraisemblable que l’usage de faire un repas pendant la nuit est assez commun, et qu’interrompant ainsi leur sommeil, ils dorment souvent le jour. Ils vont se coucher avec le soleil, et ils se lèvent avec l’aurore.

» Ils aiment beaucoup à se réunir : de sorte qu’il est très-commun de ne trouver personne dans les maisons ; les maîtres du logis sont chez les voisins, ou plutôt au milieu d’un champ des environs, où ils s’amusent à causer, et où ils prennent d’autres divertissemens. Des chants, des danses et la musique, exécutés par des femmes, forment surtout leurs amusemens particuliers. Lorsque deux ou trois femmes chantent