Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bâtons d’environ quatre pieds de longueur, au-dessous desquels étaient attachés deux ou trois morceaux de bois de la grosseur du pouce, et longs d’un demi-pied : ils allaient au moraï dont j’ai parlé tout à l’heure. Je pris le même chemin, et je fus arrêté plusieurs fois par leurs cris de tabou ; je continuai cependant ma route, sans trop m’occuper de leurs cris, jusqu’au moment où je vis le moraï, et les insulaires qui étaient assis devant la façade : on me pressa alors très-vivement de rebrousser chemin ; ignorant quelles seraient les suites de mon refus, je revins sur mes pas. J’avais observé que les naturels qui portaient des bâtons dépassaient le moraï ou le temple ; je crus, d’après cette circonstance, qu’il se passait derrière cet édifice des choses qui méritaient d’être examinées : je formai le projet de m’y rendre par un détour ; mais je fus si bien surveillé par trois hommes, que je ne pus exécuter mon dessein. Cherchant à tromper ces sentinelles, je retournai au malaï, où j’avais laissé le roi, et je m’évadai une seconde fois ; mais je rencontrai bientôt mes trois hommes, en sorte qu’ils me parurent chargés d’épier tous mes mouvemens. Je ne fis aucune attention à leur démarche ou à leurs propos, et je ne tardai pas à apercevoir le principal fiatouka ou moraï du roi, que j’ai déjà décrit. Une foule d’insulaires étaient assis devant cet édifice : c’étaient les naturels que j’avais vus dépasser l’autre moraï placé à peu de distance