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d’entre nous qui voulurent en goûter trouvèrent qu’il enivre comme nos liqueurs fortes, ou plutôt qu’il cause l’engourdissement qu’on éprouve lorsqu’on a pris de l’opium ou d’autres substances soporifiques. Quoique les naturels boivent toujours cette liqueur fraîche, quoique je les aie vus s’en régaler à sept reprises différentes dans une matinée, elle est très-désagréable, et la plupart ne peuvent l’avaler sans frissonner et sans grimacer.

» Dès que la cérémonie fut terminée, nous partîmes de Moua pour retourner aux vaisseaux. En sortant de la lagune ou du goulet, nous rencontrâmes deux pirogues qui revenaient de la pêche. Paoulaho, leur ayant ordonné d’accoster notre canot, prit tout le poisson et tous les coquillages qu’elles conduisaient à terre. Il arrêta ensuite deux autres embarcations qu’il fouilla également, mais dans lesquelles il ne trouva rien. Je ne sais pourquoi il exerça ce despotisme, car notre canot était rempli de provisions. Il me donna une partie du poisson qu’il avait enlevé, et ses serviteurs vendirent le reste à bord de la Résolution. Nous atteignîmes aussi une grande pirogue à voile : les insulaires qu’elle portait étaient debout lorsque nous les approchâmes ; ils s’assirent jusqu’à ce que nous les eussions dépassés : le pilote lui-même qui tenait le gouvernail, et qui ne pouvait manœuvrer que dans cette position, s’assit comme les autres.

» Paoulaho et d’autres personnes m’ayant