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allait enfin commencer ; mais lorsqu’ils eurent achevé de boire la kava, ils se levèrent et ils se dispersèrent à notre grand regret. Si ce fut réellement une cérémonie funèbre, elle fut un peu singulière. Au reste, c’était peut-être le second, le troisième ou le quatrième deuil ; ou, ce qui arrivait assez souvent, O-maï avait mal compris ce que Paoulaho lui avait dit. Excepté le vêtement particulier des assistans et le rameau vert qu’ils portèrent d’abord autour de leur cou, nous étions tous les jours témoins de ce qui se passa dans cette assemblée.

» Nous avions vu, dit M. Anderson, quelquefois boire la kava dans les autres îles, mais pas aussi fréquemment qu’ici, où les principaux du pays ne font autre chose durant la matinée. La kava n’est cultivée que pour en tirer la liqueur de prédilection. Les insulaires ont grand soin d’écarter de la plante tout ce qui peut nuire à sa croissance, et ils la placent ordinairement autour de leurs maisons. Elle ne s’élève guère au-delà de la grandeur d’un homme, quoique j’en aie vu d’une hauteur presque double. Elle pousse un grand nombre de branches, a de larges feuilles en forme de cœur, et des tiges réunies. La racine est la seule partie qu’on emploie aux îles des Amis. On a déjà vu de quelle manière la liqueur se prépare et se distribue ; on en met ordinairement un quart de pinte dans chaque coupe. Les insulaires étant habitués à ce breuvage, on n’aperçoit pas d’abord l’effet qu’il produit sur eux ; mais ceux