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taine de naturels, la plupart d’un âge avancé, et tous équipés comme les premiers, arrivèrent successivement, ce qui augmenta le cercle. Tout le monde étant réuni, un des domestiques de Paoulaho apporta une grosse racine de kava et un vase qui contenait seize à vingt pintes ; plusieurs des assistans mâchèrent la racine, et le vase se remplit bientôt de liqueur. Sur ces entrefaites, d’autres préparaient les feuilles de bananier qui devaient tenir lien de coupes. On servit la première coupe au roi, qui ordonna de la présenter à un homme qu’il indiqua ; on lui offrit encore la seconde qu’il but ; la troisième fut pour moi. L’échanson qui les remplissait demandait à chacun à qui il fallait l’envoyer ; un des assistans nommait la personne, et on la portait à celle-ci. Quand il ne resta plus guère de liqueur, l’échanson ne sut trop à qui envoyer les coupes ; il consulta souvent ceux qui se trouvaient assis près de lui. La distribution se fit de la même manière, tant qu’il y eut quelque chose dans le vase. La moitié des assistans n’eut point de part à ce régal : toutefois nous n’aperçûmes personne de mécontent. Nous ne comptâmes que six coupes de feuilles de bananier ; celui qui venait de boire jetait la sienne par terre ; des domestiques la ramassaient et la portaient à l’échanson, qui la remplissait de nouveau. Le roi et les insulaires furent assis tout le temps ; ils conservèrent leur gravité ordinaire, et se dirent à peine quelques mots.

» Nous imaginions que la cérémonie funèbre