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avant. Les naturels nous suivirent jusqu’à la porte ; mais ils n’osèrent pas en passer le seuil : ayant demandé ce que signifiaient ces bustes, on nous répondit qu’ils ne représentaient aucune divinité, et qu’ils servaient à rappeler le souvenir des chefs enterrés dans le fiatouka. Nous jugeâmes que les insulaires ne construisent pas souvent des monumens pareils ; car ceux-ci avaient, selon toute apparence, plusieurs générations. On nous dit qu’on avait enterré des morts dans chacun de ces édifices ; mais rien ne l’annonçait. Nous y vîmes l’éperon sculpté d’une pirogue de Taïti, que la mer avait jeté sur la côte. Une vaste pelouse, parsemée d’arbres, parmi lesquels nous distinguâmes de très-gros étoas, s’étendait en avant du pied de la colline. Ces arbres ressemblent aux cyprès, et ils produisent un bon effet dans un cimetière. Nous aperçûmes aussi près de l’un des quatre édifices une rangée de palmiers peu élevés, et derrière, un fossé rempli d’un grand nombre de vieux paniers.

» Après notre dîner, ou plutôt après que nous eûmes pris un léger rafraîchissement que nous avions apporté du vaisseau, nous nous avançâmes dans l’intérieur du pays, accompagnés de l’un des ministres du roi. Il défendit à la populace de nous suivre, et notre cortége ne fut pas nombreux. Il ordonna de plus à tous ceux que nous rencontrâmes sur notre route de se tenir assis jusqu’à ce que nous eussions passé, c’est-à-dire qu’il leur enjoignit de nous