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gner la haute mer revinrent. Les maîtres qui les commandaient me dirent que le canal au nord, par lequel nous étions venus, était extrêmement dangereux, des rochers de corail le remplissant d’un bord à l’autre ; mais qu’il y en avait un très-bon à l’est, resserré cependant par de petites îles dans un de ses points, et que pour en sortir nous aurions besoin d’un vent très-favorable, c’est-à-dire d’un vent d’ouest qui ne soufflait pas souvent sur ce parage. Les deux bâtimens étaient approvisionnés de bois et d’eau, nos voiles réparées, et nous ne devions plus guère espérer de vivres des habitans ; mais comme une éclipse devait avoir lieu le 5 du mois suivant, je résolus de l’observer, s’il était possible, et de différer l’appareillage jusqu’après cette époque.

» J’eus ainsi quelques jours de loisir, et le 26, dès le grand matin, je m’embarquai sur un canot avec Paoulaho et quelques personnes de mes vaisseaux pour Moua, village où le roi et d’autres chefs font leur résidence ordinaire. Nous rencontrâmes sur notre route quatorze pirogues qui pêchaient ensemble dans le goulet ; le fils de Paoulaho était sur une de ces embarcations, dont chacune portait une espèce de verveux ou filet triangulaire qui était étendu entre deux bâtons, et qui offrait à l’extrémité inférieure un sac pour recevoir et arrêter le poisson. Elles avaient déjà pris de très-beaux mulets ; elles nous en donnèrent environ une douzaine. Je fus curieux de voir quelle est la