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ne les séparât, lorsque les ignames eurent atteint le sommet des premiers poteaux, ils en superposèrent de nouveaux, et les deux pyramides s’élevèrent à plus de 30 pieds. Ils placèrent au sommet de la première deux cochons cuits au four ; ils mirent un cochon vivant au haut de la seconde, et ils attachèrent au milieu un second cochon par les pieds. Nous fûmes étonnés de la facilité et de la promptitude avec laquelle ils élevèrent ces pyramides. Si j’avais ordonné aux matelots d’exécuter un pareil ouvrage, ils auraient juré qu’on ne pouvait le faire sans charpentiers ; les charpentiers auraient employé douze instrumens divers, et au moins cent livres de clous ; et avec tous leurs moyens, ils auraient mis à cette opération autant de journées que les insulaires y mirent d’heures. Mais les matelots, comme la plupart des animaux amphibies, sont de peu de secours à terre. Quand les naturels eurent garni de provisions ces deux pyramides, ils rassemblèrent plusieurs autres tas d’ignames et de fruits à pain de chaque côté de la scène, et ils apportèrent ensuite une tortue, une quantité considérable d’excellent poisson, une pièce d’étoffe, une natte, et quelques plumes rouges. Le roi voulait me faire présent de toutes ces choses : il semblait désirer que son présent surpassât celui que j’avais reçu de Finaou à Hapaï, et il y réussit.

» Ils commencèrent à une heure, le maï ou les danses. La première fut presque une ré-