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paient au même endroit. On mettait les morceaux dans la bouche de deux d’entre elles ; et lorsque nous en demandâmes la raison, on nous dit qu’elles étaient taboa-matti. Nous apprîmes, en faisant des recherches ultérieures, que l’une avait lavé le cadavre d’un chef deux mois auparavant, et qu’elle ne devait toucher aucun aliment pendant cinq mois ; l’autre avait aussi lavé le cadavre d’une personne d’un rang inférieur, et elle était soumise à la même abstinence qui devait finir plus tôt. Nous aperçûmes à peu de distance de là une troisième femme à qui on mettait également les morceaux dans la bouche ; on nous avertit qu’elle avait aidé à laver le corps du chef dont je parlais tout à l’heure.

» Le roi arriva à bord le 21 dès le grand matin ; il venait m’inviter à un spectacle qu’il voulait donner le même jour. Sa toilette était déjà faite ; le barbier lui avait barbouillé toute la tête d’un fard rouge, afin de rougir ses cheveux, qui étaient naturellement d’un brun foncé. Je l’accompagnai à terre après le déjeuner, et je trouvai ses gens occupés à planer, en avant de notre maison, quatre longs poteaux, à deux pieds de distance l’un de l’autre, et de cette manière . L’espace entre les poteaux fut ensuite rempli d’ignames, ; et à mesure que les naturels le remplirent, ils eurent soin d’assujettir les poteaux avec des bâtons placés à environ quatre pieds d’intervalle, afin d’empêcher que la pression des ignames