Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils se fussent perdus par hasard, et je résolus de ne pas les laisser entre les mains des voleurs. Je commençai, en conséquence, par saisir trois pirogues qui se trouvaient le long des vaisseaux. Je descendis à terre, et ayant rencontré le roi, son frère, Finaou et quelques autres chefs, dans la maison que nous occupions, je leur donnai un garde ; et je leur fis comprendre que je les tiendrais aux arrêts jusqu’à ce qu’on m’eût rendu, non-seulement le chevreau et les dindons, mais tout ce qu’on nous avait dérobé à différentes époques. Lorsqu’ils se virent prisonniers, ils dissimulèrent leur chagrin autant qu’ils purent ; et, après m’avoir assuré qu’on me rendrait tout ainsi que je le désirais, ils s’assirent et burent la kava avec une tranquillité apparente : on me rapporta bientôt une hache et un coin de fer. Sur ces entrefaites quelques insulaires en armes se rassemblèrent derrière notre maison ; mais ils se dispersèrent dès le moment où nos soldats de marine marchèrent contre eux. Je recommandai aux chefs de défendre ces attroupemens ; ils donnèrent en effet des ordres auxquels les insulaires obéirent. Je les engageai à venir dîner avec moi à bord, et ils y consentirent de bon cœur. Plusieurs insulaires ayant ensuite représenté que le roi ne devait pas quitter la côte, le prince se leva à l’instant, et déclara qu’il était prêt à partir. Nous nous rendîmes donc sur la Résolution ; le prince et sa suite y demeurèrent jusqu’à quatre heures, et