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soulever de terre et de le jeter sur le dos ; et s’il parvient, avant de le terrasser, à lui faire deux ou trois tours en le balançant dans les airs, son adresse excite les applaudissemens des spectateurs. Quand leurs forces sont égales, ils se serrent de plus près, et ils entrelacent leurs jambes, ou bien ils se lèvent sur la pointe des pieds, afin de se renverser. Ils déploient une force prodigieuse dans ces assauts ; leurs muscles sont si tendus qu’on les croirait près de se rompre. Le champion qui est terrassé se retire tout de suite ; mais le vainqueur s’assied durant quelques minutes, puis se lève et retourne à sa place, où ceux qui sont de sa bande proclament son triomphe par quelques phrases de chant d’une mesure peu animée. Après s’être tenu assis un moment, il se lève de nouveau, et il recommence ses défis ; plusieurs champions se présentent quelquefois, mais il a le privilége de choisir celui qu’il veut ; et, quand il a terrassé son adversaire, il a aussi le droit exclusif de proposer d’autres cartels, jusqu’à ce qu’il soit vaincu : s’il est enfin renversé, la bande opposée chante la victoire. Cinq ou six hommes se lèvent souvent à la fois et proposent des défis ; dans ce cas, il est commun de voir trois ou quatre couples qui se battent en même temps. On est surpris de la modération qu’ils conservent dans ces exercices. Nous n’en aperçûmes pas un seul qui parût mécontent en quittant l’arène. Lorsqu’ils trouvent leurs forces si égales qu’ils désespèrent de triompher, ils