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vola un vase d’étain. Il fut découvert ; on le poursuivit, et on le ramena le long du bord. Trois vieilles femmes, qui étaient dans la pirogue, poussèrent des lamentations lorsqu’elles nous virent maîtres du voleur ; elles se donnèrent des coups de poing terribles sur le sein et sur le visage, sans néanmoins verser une larme.

» Nous découvrîmes la cause des tumeurs et des cicatrices que nous apercevions aux os des joues de la plupart d’entre eux. Les coups multipliés qu’ils se portent aux joues meurtrissent la peau, et en font même sortir le sang à gros bouillons : lorsque les blessures sont récentes, on croirait qu’on y a produit un cercle par le moyen du fer. Ils se découpent avec un instrument cette partie du visage, en beaucoup d’autres occasions, de la même manière que les Taïtiens se découpent le haut de la tête. J’envoyai des présens à Mariouaghi, afin de lui témoigner combien j’étais sensible à ceux que j’avais reçus de lui la veille. La fête qu’il nous avait donnée exigeait de moi quelque chose de pareil. Je fis faire l’exercice à un détachement des soldats de marine à l’endroit où les danses avaient été exécutées, et nous tirâmes des feux d’artifice le soir devant Paoulaho, les principaux chefs, et une assemblée nombreuse. Les spectateurs eurent beaucoup de plaisir en voyant les soldats tirer par pelotons ; mais nos serpenteaux leur causèrent un étonnement extraordinaire : les fifres et le tambour, ou les