Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cient point du tout ; ou bien ils se promenèrent jusqu’à la pointe du jour.

» La fête se passa avec plus d’ordre que ne le permettait une si grande assemblée. Il devait y avoir des hommes malintentionnés dans une foule si nombreuse, et nous l’éprouvâmes. Notre vigilance et nos soins ne les empêchèrent pas de nous piller de toutes parts, et ils commirent leurs vols d’une manière audacieuse et insolente. Ils entreprirent de dérober tous ce que nous avions ; mais la foule était toujours nombreuse ; et de peur que les innocens ne fussent punis pour les coupables, je ne permis pas aux sentinelles de tirer. Ils essayèrent en plein midi d’enlever une ancre suspendue au bossoir de la Découverte, et ils en seraient venus à bout, si la pate ne se fût accrochée à une des chaînes de fer qui se trouvaient à la hanche du vaisseau. Ils ne purent dégager l’ancre avec la main, et ils ne connaissent point l’usage des palans. Ils cassèrent l’os de l’épaule d’une de nos chèvres, et l’animal en mourut peu de temps après ; c’est la seule violence que nous eûmes à leur reprocher. La perte retomba sur eux, car c’était une des chèvres que je me proposais de laisser dans l’île. Au reste l’insulaire coupable du délit ne connaissait pas nos intentions.

» Ce qui se passa dans la matinée du 18 nous éclaira sur une de leurs coutumes. Un des insulaires y ayant amené sa pirogue près de la Résolution, entra par une des bouteilles, et