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athlètes qui exécutèrent un combat simulé de massues : ces deux champions furent bientôt remplacés par deux autres. Sur ces entrefaites, les danseurs récitèrent des phrases de chant lentement et alternativement avec le chœur ; ils revinrent ensuite sur le devant de la scène, et terminèrent le ballet.

» Ces danses, si toutefois on peut les appeler de ce nom, durèrent depuis onze jusqu’à près de trois heures. Les chefs de l’île voulaient sûrement nous donner une fête, ou nous montrer leur dextérité dans les exercices du corps. Une multitude d’insulaires assistèrent à ces jeux ; l’inégalité du terrain rendit très-difficile l’évaluation du nombre des spectateurs. Cependant nous comptâmes le premier cercle ; et, remarquant qu’ils étaient rangés en quelques endroits sur vingt ou trente de hauteur, nous supposâmes qu’il y avait près de quatre mille personnes. La foule qui environnait notre marché, ou qui rôdait autour de notre tente, était au moins aussi nombreuse, et nous calculâmes qu’il se trouvait alors dix ou douze mille insulaires dans notre voisinage, c’est-à-dire dans l’espace d’un mille de tour. La plupart y étaient venus par curiosité.

» Nous regrettâmes beaucoup de ne pas entendre les paroles de leurs ballets ; nous aurions sûrement recueilli des observations précieuses sur l’esprit et les coutumes de ces peuplades. L’assemblée ne manquait point d’applaudir à la pantomime des acteurs et des dan-